Sur une chaise, habillé de son ancien costard, nous rencontrons Valmont, un ex-employé promu manager au moment où son entreprise se lançait dans une vaste opération de réduction de personnel.
© Maurici Macian-Colet
Écriture et jeu Maurici Macian-Colet
Sur une chaise, habillé de son ancien costard, nous rencontrons Valmont, un ex-employé promu manager au moment où son entreprise se lançait dans une vaste opération de réduction de personnel. Cette opération ne prévoyait pas de licenciements, mais préconisait plutôt un encouragement au départ par l’organisation d’une campagne de harcèlement moral à grande échelle à l’encontre des salariés supprimables. Valmont a été l’un des managers de l’entreprise chargés par la direction des ressources humaines d’exécuter cette campagne de harcèlement dans le cadre de son équipe.
Au moment où nous rencontrons Valmont, sur sa chaise et dans son ancien costard, l’opération a déjà eu lieu et il s’adresse à une avocate. Il aurait découpé une femme en morceaux, et il revient sur les quelques semaines où il a été chef d’équipe et qui ont précédé ce crime.
Son récit nous plonge dans la folie managériale d’un monde du travail en entreprise où tout paraît possible et, dans cet univers presque fantastique où l’humain n’entrave jamais les rêves les plus fous des aventures économiques, Valmont, le petit chef inspiré, l’admirateur d’Alexandre le Grand, guide de sa vie, finit par perdre pied, et nous avec lui.
PROPOS / MAURICI MACIAN-COLET
Le procès France Télécom en 2019 – qui s'est soldé par une condamnation purement symbolique – est sans doute l’un des événements déclencheurs de l’écriture de Babylone. L’autre a été le harcèlement moral subi par une personne de notre entourage chez un prestataire de Renault, advenu au moment même où se tenait ce procès.
Avec Babylone, nous n’avons pas souhaité incarner une victime directe de ce harcèlement institué, ni un bourreau complètement cynique des ressources humaines. Nous avons voulu imaginer un petit manager, rouage essentiel de la machine, bourreau (car ce mot lui correspond mieux qu’au PDG ou au responsable RH) mais victime aussi, d’une certaine manière et à son insu, de cette machine. L'engrenage des événements qui articulent son récit tournera forcément au cauchemar ; à aucun moment pourtant ce petit manager ne renoncera à la logique implacable de son discours – performatif de par la nature même de son métier – car, comme il le dit lui-même, il tient par-dessus tout à ce qu’on comprenne qu’il est, avant toute chose, un homme « raisonnable ».
Mise en scène Max Millet
Collaboration artistique Chloé Chycki
Dessins Aurélia Elalouf
Production Cie Les Sbires Sibériens
Soutiens et résidences Théâtre Le Colombier (Bagnolet-93), La Générale (Paris), Super Théâtre Collectif (Charenton), Scènes sur Seine, RAViV Île-de-France.