Séminaire annuel un mardi par mois à partir de 18h30
En 2024-2025, le séminaire de philosophie sur la division poltiique reprend pour une séance par mois. Même si vous n'êtes pas venu les années précédentes vous pouvez suivre les séances de cette année! Les séances précédentes sont consultables sur le site du séminaire.
Les séances sont ouvertes à tous et toutes, et si vous ne pouvez vous déplacer elles peuvent être suivies à distance via teams. Envoyez-un mail pour recevoir le lien: divisionpolitique(at)proton.me
La première séance proposée par Bernard Aspe portera sur "La religion du travail"
La religion du travail
Au cours de ce séminaire, nous avons considéré comme un acquis l’extension du concept de « travail », nécessaire pour prendre en compte les formes les plus récentes, aussi bien que les plus anciennes, d’une mise au travail bien plus étendue que ne le suggèrent les modèles des économistes. Dans cette séance, nous allons revenir dans un premier temps sur une entente plus classique de ce que signifie être au travail, c’est-à-dire exercer une activité rémunérée conformément aux exigences d’un métier spécifique. Mais nous n’allons pas nous y intéresser sous un angle sociologique, ni directement sous la forme d’une enquête politique. Nous allons plutôt tenter de cerner la fonction psychique du travail.
Celle-ci rend compte d’une complicité objective entre les militants et les sujets de l’économie. Les premiers définissent les règles du jeu et ont le pouvoir de les imposer, les seconds n’ont d’autre choix la plupart du temps que de s’y soumettre, même s’ils les désapprouvent. Mais les deux se rejoignent sur le fait de reconnaître que l’exercice d’un métier structure la succession des jours, et l’organisation de chacun d’eux. C’est déjà en ce sens que le travail peut être vu comme cette petite divinité sournoise qui commande le mode d’être quotidien. Que ce dieu ne promette rien, qu’il commande, au fond, peu de choses et nous laisse « libres » par ailleurs de penser et de sentir ce que nous voulons et comme nous le voulons, cela n’enlève rien à sa force d’injonction, à la fois matérielle et symbolique ; et à sa puissance de configuration du « monde commun », quelle que soit l’extension que nous pouvons donner à ce terme.
Pour ce qui concerne les sujets du refus, celles et ceux qui cherchent à soustraire non seulement eux-mêmes, mais l’ensemble des vivants, aux effets des injonctions de l’économie, cet état de fait se complique d’un paradoxe : en s’inscrivant dans la mise au travail voulue par les militants du capital, chacun.e de ces sujets trouve en lui-même ou elle-même une partie de son être qui sert cela même qu’il doit combattre. Le fait que quelques-un.es puissent se soustraire personnellement ou collectivement à cette schize ne peut aucunement passer pour une résolution politique de ce qu’elle indique.
Sur fond de cette approche, nous devrons revenir à la manière dont l’extension des formes de la mise au travail a parmi ses effets de confronter toujours plus intensément chaque sujet à des paradoxes qui ne peuvent être résolus ni par une forme de vie aussi soustraite que possible aux injonctions économiques, ni même par l’appartenance à une organisation politique, aussi radicale soit-elle – du moins dans les formes qui en existent aujourd’hui.
Plus de précisions et les textes des années précédentes: