La chorégraphe Marlene Monteiro Freitas sonde les visages de la violence destructrice, à sa manière, foisonnante. Un ballet expressionniste trépidant.
Chez Marlene Monteiro Freitas, la danse raconte l’ébullition de l’être, on avait pu le voir avec Bacchantes – Prélude pour une purge, présenté en 2017 au Nouveau théâtre de Montreuil. Dans sa dernière création, l’artiste cap-verdienne dessine un monde fantasmatique qui ressemble tour à tour à un tribunal, à un défilé martial ou encore à un musée des horreurs. Les neuf interprètes se transforment successivement en différentes silhouettes mi-grotesques mi-angoissantes. Voici le mal et la fascination qu’il suscite incarnés, là, en monstre, ici en soldat, là encore en diable ou en sorcière. Inspiré par la mythologie, par la danse populaire et par des écrivains comme George Bataille et Hannah Arendt, Mal, Embriaguez Divina – Mal, Ivresse divine – nous emmène du côté d’une poésie hallucinatoire. La chorégraphe a choisi une bande-son éclectique, des rythmes syncopés de l’île du Cap-Vert à une tarentelle napolitaine, en passant par Tchaïkovski, Maurice Ravel et quelques extraits de films. Cette performance d’une grande intensité questionne le mal qui relève du totalitarisme ou du colonialisme, aussi bien que de la maladie et de l’aveuglement.