CONCERT - FOLK & ROCK
Tantôt calme, tantôt agitée, de l’eau a coulé depuis ses débuts en solo avec Songs from Electric Sky, en 2006. Depuis, H-Burns a publié un beau corpus d’albums où se croisent folk acoustique et rock électrique, ambition minimaliste et lyrisme maîtrisé. Ce qui semble parfaitement condensé dans ce neuvième album studio, Sunset Park.
S’il reste auteur, compositeur, multi instrumentiste et producteur, H-Burns a laissé les manettes du mix à Rob. Pour l’objectivité, la fraîcheur, la vibration West Coast : « Personne mieux que lui n’aurait pu apporter l’ambiance familiale, protectrice telle un cocon que je recherchais ». Puis il a repris la route jusqu’à Vancouver, route déjà tracée il y a quelques années, afin de retrouver la sérénité. En bande sonore, l’audiobook du roman Sunset Park, de Paul Auster. Au retour, il sera temps de s’atteler à sa réinterprétation des chansons de Leonard Cohen, proposée avec le disque et le live Burns on the Wire, projet qui lui a « permis de persister dans une veine universelle, nourri de la sage mélancolie de Cohen. »
Déclaration d’amour à Los Angeles, « L.A. » est investie par le spectre d’Elliott Smith, jadis produit par Rob Schnapf. Idéale conclusion, « Movies » convoque aussi des fantômes avec lesquels on apprend à cohabiter. Entre temps, H-Burns partage « Dark Eyes » avec Dominique A. L’un de ses rares modèles français vivants. Distinctes et néanmoins proches, leurs deux sensibilités observent le regard de la personne aimée changer jusqu’à ce qu’on ne puisse plus la reconnaître.
Si le folk s’invite toujours dans les mélodies d’H-Burns, notamment sous l’influence de la Californie triste du d’On the Beach de Neil Young, Sunset Park se fait écho de la quête sonore de The National autour d’un terreau électrique et d’un travail rythmique. Enregistrer avec deux des collaborateurs réguliers du groupe américain, David Chalmin et Benjamin Lanz, qui intervient sur les cuivres, n’est pas un hasard. « The National n’a pas peur d’envolées arrangées, d’exprimer ses émotions très haut ou très bas, explique H-Burns. C’est ce que je souhaitais ici également : une charte des sons qui ne soit pas monolithique. » Ainsi, en l’espace de onze chansons, H-Burns confirme l’un des buts premiers (et l’une des grandes vertus) de la musique : parler de soi tout en s’adressant à tous.
Crédit photo : @mimi_raver