"Relire le diagnostic. Cinquante ans de psychiatrie en France à travers l'histoire d'une patiente" par Léna Monnier, à partir d'archives personnelles
Mardi 19 mars à partir de 19h30, les Désaxé.e.s vous invitent à une rencontre avec Léna Monnier : un récit tissé à partir d'archives familiales et médicales, qui retrace cinquante ans de psychiatrie en France à travers l'histoire d'une patiente.
Ma grand-mère, m'avait-on dit, était dépressive. À cause de cela, elle avait dû faire plusieurs séjours en psychiatrie au cours de son existence. Cette histoire-là m'intriguait. Alors j'ai fait la demande de son dossier médical auprès de l’hôpital qui la soignait. Ce que j'ai reçu il y a quelques années maintenant, ne cesse de prendre des significations multiples. Je relis les diagnostiques, les symptômes, à chaque fois différemment : à l'aune d'une histoire de la psychiatrie et du passage des thérapies de choc aux neuroleptiques, d'une époque et des questions de genre, et de son histoire personnelle.
J'ai toujours travaillé dans le domaine artistique mais je me suis récemment inscrite dans une formation en psychothérapie institutionnelle. Je pensais que ces outils me seraient utiles pour repenser le travail en collectif. J'y ai découvert que comme en histoire de l'art, la PI emploie le mot de "biographie" pour faire le récit d'une personne. Il s'agit de ne pas la réduire à ses troubles mais d'analyser sa place dans sa famille, son environnement social et culturel, et travailler dans le sens d’une émancipation.
Peut-on faire cette biographie après-coup, à partir d'un dossier médical, dans lequel le sens des mots ne se laisse pas facilement appréhender ? "Thème d'influence vague", "schizophrénie paranoïde", pour ne citer qu'eux. Ce que j'imagine alors, ce serait d'évoquer sa vie et sa maladie, comme celles d'une personne qui a eu des soucis avec "les évidences de la quotidienneté".
Léna Monnier travaille dans le champ de l'art contemporain. Depuis 2019, elle est membre de Treize, structure collective dédiée à la production et la diffusion artistique située dans le quartier de Ménilmontant.
Depuis 2023, elle accompagne des jeunes artistes et étudiant.e.s dans le cadre de la résidence "Le Lac à l'épaule", à l'école des Beaux arts de Nantes-Saint-Nazaire. Son mémoire soutenu à l'EHESS portait sur le travail de l'artiste Heidi Bucher et s'intitulait Les Enveloppes psychiques. Elle participe actuellement au DU de Psychothérapie institutionnelle et de psychothérapie de secteur à l'Université de Paris Cité.